LEVALLOIS: "Festival de provocations lors du conseil municipal de Levallois, après un rapport « accablant » de la cour régionale des comptes"

Publié le par www.balkaland.over-blog.com

LEVALLOIS: "Festival de provocations lors du conseil municipal de Levallois, après un rapport « accablant » de la cour régionale des comptes"

Avatar
Par BALKALAND 
 

Alors que la cloche, qui marque la suspension, retentit, le maire invite cependant la majorité à aller boire un coup et Madame Faure (élue PS) à s'exprimer. « Vous croyez quand même pas que je vais vous écouter. »

« Allez, donne-nous des renseignements sur tes frais de bouffe, c'est ça qui nous intéresse… » Lundi soir, au conseil municipal de Levallois (Hauts-de-Seine), l'assistance ne s'y trompe pas. Un rapport de la cour régionale des comptes vient d'épingler la gestion de la ville par Patrick Balkany, député-maire et intime de Nicolas Sarkozy. Et tout le monde attend que le sujet soit abordé.

La loi oblige le cacique de l'UMP, premier édile depuis 1983, excepté entre 1995 et 2001, à présenter ledit rapport. En orfèvre de la politique, il s'est exécuté… à sa manière. Inscription très loin dans l'ordre du jour, après des délibérations interminables.

Interminable, le terme n'est pas usurpé. Le conseil municipal a duré 8 heures et 45 minutes, de 19 heures à 3h45 du matin, un record, sous cette mandature au moins. Objectif : décourager les (rares) journalistes et les citoyens présents.

Et fatiguer les conseillers municipaux (dont six élus de gauche et deux du MoDem sur 45), pour qui la politique n'est pas un métier, à l'inverse de Patrick Balkany et de ses adjoints, dont sa femme, première adjointe.

« Si c'est trop long, j'irai boire un coup ! »

Au bout de quatre heures de délibérations, seuls deux journalistes étaient encore présents et l'assistance s'était réduite d'une centaine à une vingtaine de personnes (en gros, quinze supporteurs du maire et cinq partisans de la gauche).

Entretemps, on assiste à un véritable festival Balkany. Tantôt drôle, parfois affligeant, où le sérieux le dispute au grotesque. Les délibérations sont étirées au maximum et les petites phrases fusent. Patrick Balkany en est incontestablement le plus gros pourvoyeur. Entre humour et cynisme, tout le monde en prend pour son grade :

  • « Les socialistes, vous me faites de la peine. (…) Je vous donne la parole. Si c'est trop long, j'irai boire un coup ! »
  • « Je sais, Monsieur, c'est difficile d'être au MoDem, vous avez le cul entre deux chaises… »
  • « La police communiste, on se souvient ce que ça a donné, dans les pays que vous avez dirigés. »
  • « Je suis certainement plus ouvert que mon épouse… »
  • « Que l'on fasse bien ou mal, ces jeunes énarques de la cour régionale des comptes critiquent toujours, car ils ne sont là que pour détruire. (… ) Le rapport est nul. »

A l'issue de ces péripéties, arrive l'examen du fameux rapport de la cour régionale des comptes. A minuit donc. La gauche pense son heure venue. Thierry David, leader d'une opposition pour qui il est plus que difficile d'exister, prend la parole et commence à souligner dans ce rapport qu'il juge « accablant » les griefs adressés à l'équipe municipale de Levallois.

« Tu lis trop vite, si tu lis mal, je le fais moi-même »

Dans ce rapport de 46 pages, que Rue89 reproduit, la cour pointe essentiellement des « anomalies » dans le contrôle des frais, ainsi qu'un « problème de sincérité du niveau d'endettement », qui était « resté stable jusqu'en 2003 » avant d'être « significativement alourdi à partir de 2004 ».

Mais il n'aura pas le temps d'achever sa démonstration. Les époux Balkany, qui règnent en maîtres sur le conseil lorsqu'ils ne s'invectivent pas entre eux, exultent. Monsieur lui coupe le micro à distance et exige qu'il lise aussi les réponses adressées par Madame à la cour, que Rue89 reproduit également dans le même document. L'élu socialiste poursuit.

Qu'à cela ne tienne, Patrick Balkany entreprend de lire les réponses précitées. Vingt-trois pages dactylographiées ! A la lecture des premières lignes, l'assistance comme les membres de l'opposition ou de la majorité attendent qu'il s'essouffle, mais le député-maire sent qu'il tient là le coup d'éclat capable de faire durer la séquence.

Une séquence qui durera près de deux heures. Face à la lassitude, il s'absente parfois et passe la main à son épouse, non sans la sermonner au bout de quelques secondes (« Tu lis trop vite, si tu lis mal, je le fais moi-même ») ni de jouer avec les nerfs de l'opposition :

« Je vais laisser Madame Balkany continuer un peu, le temps de me rafraîchir. Nous sommes au milieu de la page 14 et nous nous arrêterons au milieu de la page 23 du texte que vous écoutez, j'en suis sûr, avec plaisir. »

 

« Si vous vous voulez bien la mettre en sourdine »

Quand il revient, c'est elle qui s'éclipse. Et le manège se répète plusieurs fois. Une pause est décrétée à chaque pérégrination de l'opposition, qui n'a de cesse de clamer son indignation :

Thierry David : « Bel exemple de démocratie ! Vous qui vous répandez à longueur d'interviews sur la nécessité de donner plus de droits à l'opposition… »

Patrick Balkany : « Si vous vous voulez bien la mettre en sourdine, Monsieur David. »

 

La lecture du texte s'achève avec une nouvelle prouesse du maire. Thierry David réclame de pouvoir poursuivre sa démonstration, mais un Patrick Balkany hilare donne la parole à l'un de ses adjoints… qui sollicite une suspension de séance. Evidemment acceptée.

A la reprise, le leader de l'opposition n'a pas plus de chance. « Vous avez assez parlé », lui assène le maire, se basant sur le règlement intérieur qui n'accorde que cinq minutes d'expression de droit aux conseillers municipaux, même si quelques heures plus tôt une conseillère de la majorité se voyait accorder « quinze minutes » si elle le désirait.

La parole passe alors à un autre socialiste, Gilles Auchère. Mais une minute plus tard, Patrick Balkany rebondit sur une confusion entre élus et personnels administratifs pour l'admonester : « Je considère que c'est indigne et je vous retire la parole. » Il ne reviendra pas sur sa décision.

« Salut Rue89, surtout faites bien votre montage »

Quant à Anne-Eugénie Faure, elle a failli ne pas pouvoir s'exprimer du tout sur le sujet. « On en a terminé avec le débat », déclare le premier édile à 2h30 du matin. « J'ai droit à mes cinq minutes », récalme alors la conseillère socialiste. « Vous avez parlé tous les deux avant », se justifie Patrick Balkany, en désignant également Thierry David.

Il faudra qu'un membre de son cabinet lui signifie qu'elle a raison pour qu'il accepte. Mais au vu de l'heure, il « clôt le débat » dès les premières paroles : « J'ai autre chose à faire qu'entendre vos perfidies. » Thierry David éructe, Patrick Balkany suspend la séance et lui conseille de « consulter ».

Alors que la cloche, qui marque la suspension, retentit, le maire invite cependant la majorité à aller boire un coup et Madame Faure à s'exprimer. « Vous croyez quand même pas que je vais vous écouter. » Et Patrick Balkany de quitter la salle, sans oublier de glisser un petit mot face à la caméra de Rue89 :

« Salut Rue89, surtout faites bien votre montage comme d'habitude. Vous êtes toujours les meilleurs. »

 

Après un échange avec des militants socialistes qui lui reprochent de ne pas appliquer le règlement, il s'adresse de nouveau à Rue89 : « Monsieur Rue89, n'oubliez pas de passer ça, ça va vous donner un scoop. »

En bons soldats que nous sommes, nous n'avons pas oublié. Par contre, nous n'avons pas bien fait notre montage, puisqu'au début de cet article figure le plan séquence, sans coupe, des cinq minutes du début de la très difficile intervention d'Anne-Eugénie Faure.

Par Julien Martin | Rue89 | 30/06/2009 | 19H38

pour voir la vidéo:
http://www.rue89.com/2009/06/30/balkany-salut-rue89-vous-etes-toujours-les-meilleurs

http://www.levallois-alternative.fr/

http://www.balkaland.over-blog.com

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article